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CPPPC est un blog de CRITIQUES (fragmentaire) DES PRODUITS, PRATIQUES & POLITIQUES CULTURELLES.

"Des goûts et des couleurs on ne discute pas... et pourtant on ne fait que ça !" (Nietzsche)


lundi 18 novembre 2013

[Film] Quay d'Orsay, de Bertrand Tavernier (2013)

Les fidèles adaptations d'un média à un autre sont toujours plaisantes. Les mauvaises se veulent peut-être simples copies de l'original : elles font comme si le passage d'un média et à l'autre était transparent. Par-là même, elles oublient les cadres de la traduction. C'est qu'une adaptation demande des traductions nécessaires dans le langage propre à chaque média, ici le cinéma pour la BD de Christophe Blain et Abel Lanzac.

Je me demandais surtout comme allait être représenté ce ministre qui passe son temps à filer entre deux portes. Dans le film, les portes claquent, les feuilles s'envolent, les gestes que dessinent ses grandes mains sont constamment soulignés par des effets sonores. Le son vient en appui de l'image pour rendre ce que montrait le trait, le graphisme, dans la BD.

La différence notable avec la BD est que l'on voit moins Arthur Vlaminck, l'autre personnage central, dans sa solitude, tandis que la relation avec sa copine est beaucoup plus présente dans le film (et se passe merveilleusement bien).

A part ça le film est très drôle, comme l'est la BD, et l'ambiance est contagieuse (enfin, pour quelqu'un qui apprécie de travailler dans ce genre de contexte, j'imagine). J'avais peur de Thierry Lhermitte et c'est un bon casting, son côté caricatural sied bien au personnage d'Alexandre Taillard de Worms.

L'intérêt du film, au-delà de ces considérations, est le même que dans la BD : on voit comment fonctionne le cabinet d'un ministre des Affaires Étrangères, entre résolution de situations urgentes, mise en place d'approches théoriques constamment redéfinies et réajustées et, donc, puisque c'est le fil rouge de l'histoire, production de discours pour les grandes (ONU) comme les moins grandes (sciences po) occasions.

Et tout cela est marqué dans la fiction : c'est quelque chose d'approchant, une sorte de synthèse en trois points. Idem pour les conflits dont il est question, avec de faux noms de pays, qui correspondent, comme Taillard de Worms à de Villepin, à des situations réelles (Irak, Côte d'Ivoire, discours du 14 février 2003, etc.).

Une mention spéciale à Niels Arestrup dans le rôle du directeur de cabinet.

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