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"Des goûts et des couleurs on ne discute pas... et pourtant on ne fait que ça !" (Nietzsche)


dimanche 17 novembre 2013

[Film] Inside Llewyn Davis, de Ethan et Joel Cohen (2013)

Ambiance début années 60, un mec chante des chansons folks dans un rade sombre de New York, vivote entre les appartements de ses amis, aimerait bien vivre de sa musique, et il ne lui arrive que des noises, de celles que l'on impulse soi-même, par mauvais choix, urgence ou acte manqué.

Un looser, en somme, comme tout le monde le montre autour de lui. Ou un mec pas remis du suicide de son partenaire avec lequel il a enregistré au moins un album, et tout le film peut être lu comme le deuil vécu par Llewyn Davis et passablement ignoré par l'ensemble des personnages, le grand gourou de Chicago en premier.

La musique de Llewyn Davis marcherait beaucoup mieux aujourd'hui qu'à l'époque, à l'opposé de ce que chantent les protagonistes du film qui semblent réussir. Un mec pas dans son temps, intempestif : "des chansons qui ne datent pas d'hier et qui n'ont pas une ride, c'est la folk", dit-il dans ses concerts. Ce qui n'est même pas le cas de cette insupportable voix nasillarde d'un mec aux cheveux bouclés que l'on entend à la fin, jouant juste après Davis : Bob Dylan a 20 ans.

Llewyn Davis (Oscar Isaac) est touchant, attachant. Et un peu pénible en même temps : j'aurais bien aimé qu'à la fin il gagne haut la main avant de renverser la table d'un jeu finalement pas fait pour lui.

Mais le film ne se joue pas là : sa vie est montrée comme un cycle, qui n'est pas une répétition. Peut-être finira-t-il dans la marine marchande, après avoir encaissé les 86 dollars nécessaires au rachat d'une carte du syndicat ; ou peut-être sa carrière musicale s'envolera-t-elle, son deuil achevé et ses noises finissant, cercle vertueux contre cercle vicieux.

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